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J’ai peur, aussi, comme tous mes frères, de l’avenir trop mystérieux et trop nouveau vers lequel me chasse la durée.

Pierre Teilhard de Chardin

Hymne de l’Univers, Fonds zavatarien.

 

Doob luttait avec les commandes » de son engin chenille qui cahotait à travers le no man’s land entre la route périphérique et la colonie. C’était un véritable tape-cul, mais il n’était pas obligé de rester sur les routes comme la petite Cushette de Stella. Et malgré le terrain qui le mettait à dure épreuve, il ne tombait pas aussi souvent en panne non plus. C’était le troisième voyage que Doob faisait à la ferraille avec Gray ce mois-ci. Et les trois fois, cela avait été pour réparer la Cushette de Stella, qui avait cinq ans.

— Tu devrais mettre une bâche sur ce truc, glapit Gray.

Les deux hommes étaient trempés par l’averse soudaine de l’après-midi. Leurs cheveux courts leur collaient à la tête comme une couche de peinture grasse.

— J’aime ça comme ça, hurla Doob en réponse. Ma maman m’a toujours dit que c’était bon pour le teint.

— C’est ce qu’on dit généralement des rapports sexuels !

C’était la première tentative d’humour que faisait Gray de toute la journée. Il s’était pointé chez Doob une demi-heure auparavant, après avoir quitté son travail à la colonie. Il avait l’air maussade et tendu, ce qui ne ressemblait pas du tout au garçon souriant et décontracté que Doob avait habituellement pour voisin. Gray accomplissait certaines fonctions pour la sécurité, dans l’entourage immédiat du Directeur, et Doob savait qu’il valait mieux ne pas insister quand il n’avait pas envie de parler.

Pourtant, Doob aurait eu beaucoup de questions à lui poser aujourd’hui. Le ciel était noir de fumée au-dessus de la colonie et il était inquiet malgré les nouvelles rassurantes diffusées par l’holovision.

— Une bonne averse, rien de tel pour nettoyer le ciel, dit-il. Et c’est bon pour éclaircir les idées, également. Si seulement ça pouvait faire pousser un peu plus de choses dans le coin, à part les rochers…

— Ces Zavatariens… Ils en seraient capables, eux.

— Capables de quoi ?

— De faire pousser des choses. Ils ont d’énormes fermes dans les régions côtières du nord. Comme les Iliens, mais leurs îles sont sur la terre ferme.

Doob le regarda d’un air incrédule. Il avait déjà entendu ce genre de rumeur, naturellement. Comme tout le monde.

— Tu veux rigoler ? demanda-t-il. Ils feraient pousser de quoi manger là-haut et le Directeur les laisserait s’en tirer comme ça ?

— Il n’y peut rien. Il ne peut pas maintenir l’ordre à la fois ici et là-haut.

— Mais là-haut, il n’y a que des falaises et du roc.

— C’est ce que tu as entendu dire. Mais par qui ?

— Heu… par l’holovision. Je ne connais personne qui soit allé là-bas.

— J’y suis allé.

Doob regarda son ami avec une curiosité accrue. Quelque chose lui était arrivé aujourd’hui. Quelque chose qui l’avait transformé. Habituellement, Gray n’arrêtait pas de plaisanter. Quand il rentrait du travail, c’était pour boire un verre avec son copain ou bricoler un peu les bagnoles. De temps en temps, quand Doob avait les moyens, ils sortaient en ville avec leurs femmes pour passer la soirée dans un endroit chic où l’on buvait du vin avant de faire quelques parties de buzzboard. Mais Gray n’était vraiment pas d’humeur à rigoler ce soir. Cependant, il était allé dans le nord et la curiosité de Doob était à son comble.

— À quoi… à quoi ça ressemble ? demanda-t-il.

Il savait que c’était une question dangereuse. Quoi que son copain pût avoir à lui apprendre sur les régions du nord, il se doutait que ce n’était pas le genre de connaissance dont on pouvait se vanter impunément.

— C’est quelque chose de merveilleux, murmura Gray.

Il se mit à raconter, d’une voix à peine audible à cause du bruit du moteur.

— Ils ont des potagers et des champs cultivés, par centaines. Même dans des rochers comme ceux-ci, ils arrivent à faire pousser du maïs en une seule saison. Et leurs jardins potagers sont bordés de fleurs de toutes les couleurs…

C’était la mine songeuse de son ami qui inquiétait le plus Doob. Il avait vu plusieurs fois cette expression sur son visage quand il revenait des endroits où le Directeur et ses hommes l’envoyaient. Gray ne parlait pas volontiers de ces missions et Doob se gardait bien de lui demander quoi que ce soit. Moins il en savait sur tout ça, plus il avait de chances de vivre vieux. La chose ne faisait pour lui aucun doute.

Sans compter qu’il entendait déjà pas mal de trucs politiques dangereux de la part de la fille avec qui il vivait, Stella. Elle avait vingt-deux ans, le même âge que Doob, mais elle fréquentait aussi des artistes et elle essayait de faire des choses qui n’étaient pas encore de son âge. Elle avait transformé la plus grande partie de leur espace vital en un jardin hydroponique à plusieurs niveaux et elle cultivait des champignons au-dessous de leurs chambres. Gray le savait, naturellement, mais il faisait semblant de ne rien voir. Stella descendait d’une longue lignée d’horticulteurs îliens. Sa famille possédait des brevets sur des variétés spécialement adaptées au sol de Pandore et un savoir-faire représentant à peu près trois cents ans d’expérience dans les cultures hydroponiques. Doob était presque sûr qu’elle aurait été capable de faire germer des graines sur les murs s’il la laissait faire.

Stella n’arrêtait pas de parler, en temps ordinaire ; mais cela ne gênait pas Doob. Il avait moins à parler lui-même, de cette manière, et cela convenait parfaitement à son tempérament.

Gray lui fit signe de couper le moteur. Le camion fit une pétarade et s’arrêta sur un promontoire rocheux qui dominait toute la région alentour.

— Je veux croire que je peux te faire confiance, lui dit Gray. Il y a certaines choses dont j’ai besoin de parler.

Doob déglutit puis hocha la tête.

— Bien sûr, Gray. Mais ça me fout un peu la trouille, tu comprends.

Gray sourit, d’un sourire un peu jaune.

— Il y a de quoi, dit-il en désignant d’un geste large la zone occupée par les réfugiés qui s’étalait devant eux. Il y a là des milliers de gens affamés qui te tueraient pour un seul repas tiré des jardins hydroponiques de Stella. Les hommes de Flatterie te tueraient s’ils savaient que tu fais pousser des récoltes illégalement. Et si tu racontais à qui que ce soit ce que je vais te dire maintenant, c’est peut-être moi qui te tuerais.

Doob retint sa respiration. À en juger d’après le regard de Gray, il ne plaisantait pas. Mais Doob avait réellement envie d’entendre ce que son ami avait à lui dire.

— Même à Stella ? demanda-t-il.

Le regard de Gray s’adoucit. Doob savait toute l’affection qu’il avait pour Stella, qu’il traitait comme la fille qu’il n’avait jamais pu avoir avec Billie.

— On verra, dit-il. Écoute-moi d’abord.

Il se mit de nouveau à raconter, d’une voix qui n’était tout d’abord qu’un chuchotement à peine audible, en regardant sans cesse nerveusement autour de lui comme s’il avait peur de quelque chose. Doob se penchait le plus près possible de son côté, en faisant semblant de bricoler le tableau de bord. Il avait l’impression très nette qu’ils étaient épiés.

— Tu sais que je suis resté récemment absent pendant un mois, lui dit Gray. Ils m’ont envoyé dans les régions du nord, espionner les Zavatariens. Ils m’ont fourni une couverture et des contacts pour m’infiltrer là-bas et en ressortir, ainsi qu’une caméra miniature. Leurs reconnaissances aériennes avaient établi l’existence de cultures et de pêches illégales. Flatterie voulait des détails. Ce que j’ai vu là-bas a transformé mon existence.

Doob écarta le panneau du tableau de bord qu’il venait de démonter. Billie et Gray avaient tous les deux grandi sous la mer, dans des établissements Siréniens.

C’est pour cela qu’il est toujours si méthodique dans tout ce qu’il fait, pensa Doob. Exactement comme les Siréniens.

Les yeux de Gray, d’un bleu d’acier, étaient à l’affût du moindre mouvement autour de leur camion. Là où ils se trouvaient, à découvert, si près des limites du Périmètre, il n’y avait pas que les dangers humains qui les guettaient. Gray poursuivit de sa voix tranquille :

— Ce sont des Iliens sans île. Il y en a des milliers là-haut. Flatterie ne se doute pas qu’ils sont si nombreux. Ils ont prévu des camouflages contre les observations aériennes. Les champs minables que l’on voit des airs ne sont là que pour la façade. Derrière les camouflages, et surtout sous la terre, c’est complètement différent. Ils produisent de la grumelle dans leurs cuves à nutriments exactement comme avant. La différence, c’est qu’ils ne l’utilisent plus pour faire des îles. Ils la répandent comme un tapis de mousse sur un terrain rocheux comme celui où nous sommes ; et une semaine plus tard, il y a toutes sortes de plantes qui poussent dessus. Ils fabriquent ça à partir de déchets organiques et végétaux, exactement comme dans le bon vieux temps. Sur un terrain plat, ou à la deuxième application, la grumelle forme une couche organique d’environ un centimètre d’épaisseur sur douze mètres de large. Les semences sont déjà incorporées à la mousse, que l’on applique sur la roche ou bien sur du sable, ou encore sur les champs de l’année précédente. La grumelle contient tout ce qu’il faut comme eau, matières nutritives et défenses contre les prédateurs. Ces substances ne se libèrent que peu à peu au fil des mois. Tu ne crois pas que Stella aimerait voir ça ?

— Ça ressemble tout à fait à l’idée qu’elle se fait du paradis, répondit Doob. La vie îlienne lui manque, même si notre île s’est échouée quand nous n’avions que cinq ans. À moi aussi, je suppose, cela me manque. Peut-être pas tant le fait de dériver sur la mer que la liberté elle-même. Nous avions tout le temps l’angoisse de nous échouer, mais au moins nous n’avions pas peur les uns des autres.

C’était avec une certaine réticence que Doob avait prononcé ces dernières paroles. Admettre que l’on avait peur de la sécurité, c’était reconnaître implicitement que l’on avait des raisons d’avoir peur. Et la peur était un motif suffisant pour provoquer une enquête.

— Je sais, soupira Gray. Nous avons peur l’un de l’autre, c’est vrai. Mais là-haut, ajouta-t-il en désignant le nord d’un mouvement de tête, même s’ils sont très prudents, ils n’ont pas peur.

— Quel rapport as-tu fait ? As-tu…

— Si j’ai dénoncé leur bonheur ? Si j’ai trahi les seules personnes que j’aie vues présenter des signes d’humanité depuis près de vingt ans ? Non, non. J’ai menti et j’ai fait en sorte que ma caméra mente aussi. Mais je ne suis pas aussi courageux que tu le crois. Je sais ce que Flatterie soupçonnait. Qu’il y a là-bas des camps de réfugiés et des cultures illégales. Mais je sais aussi ce qu’il avait envie d’entendre. Que tout ça n’est que de la pisse de gyronète et que ça ne vaut pas la peine qu’on s’en occupe. Parce qu’il n’a pas les moyens, en réalité, de s’en occuper ! Regarde autour de toi, Doob ! fit-il en soulignant ses propos d’un large geste du bras qui englobait tout l’horizon. Regarde autour de toi et tu verras que tout ce qui se passe ici absorbe toutes les forces dont il dispose. Il est en train de perdre, Doob ! Il y a eu des émeutes aujourd’hui à la colonie. Des émeutes très graves. Et il y en aura d’autres. Les nouvelles sont truquées. Ce sont des histoires dont les grandes lignes sont tracées par Flatterie, écrites par son armée de larbins. Ses mensonges sont tous destinés à nous empêcher de grandir. Tant que nous ne grandissons pas, c’est lui qui continue à tenir les rênes. Tu peux être sûr qu’il ne voulait pas que je découvre quoi que ce soit d’important là-haut. Aussi, quand je lui ai servi sur un plateau quelques amuse-gueule à la graisse de capucin, ça a suffi pour le rendre heureux. Peut-être qu’il décidera de ne pas bouger d’ici. La plus grande partie de ses forces est stationnée entre ici et Victoria. Les patrouilles en mer, avec la flottille de pêche, lui prennent beaucoup d’hommes. Le monde est plus vaste que ça, Doob Beaucoup plus vaste. Et les zones habitées s’étendent chaque jour. À mon avis, tu devrais aller là-haut avec Stella.

— Hein ?

Doob s’était cogné la tête en la sortant de dessous le panneau de bord.

— Tu n’es pas fou ? reprit-il. Elle attend un… Je veux dire que nous ne pouvons pas envisager une chose pareille en ce moment. Il faut qu’elle se tienne tranquille pendant un…

— Écoute, Doob, je sais qu’elle attend un bébé. Elle l’a dit à Billie et Billie me l’a dit ce matin. Elle ne pourra plus le cacher bien longtemps, de toute manière. Il faudra que tu fasses une demande pour des points-rations supplémentaires, tu peux recevoir des visites, c’est un risque à ne pas prendre.

Doob soupira, puis cracha par la portière côté chauffeur.

— Merde… fit-il.

— Écoute, lui dit Gray. Il y a une manière de t’en sortir. Comment se comporte la Cushette sur l’eau ?

— Ça peut aller, quand elle est lancée. Ça ne vaut pas un hydroptère, bien sûr, ni une de ces vedettes rapides de la sécurité.

Gray se retourna pour regarder le plateau du camion. C’était une benne basculante de deux mètres sur quatre. Doob gagnait ses coupons en transportant du matériel pour les chantiers de construction situés sur la côte de part et d’autre de Kalaloch.

— Tu crois que tu pourrais lui faire faire trois cents cliques sur un terrain accidenté ? demanda-t-il.

Doob secoua la tête.

— Impossible, dit-il. Deux cents, au maximum. Mais avec un convertisseur et de l’eau de mer, je ferais probablement le tour du monde.

— Ouais, fit Gray en se frottant le menton. Mais il n’y a pas d’eau de mer à l’intérieur des terres et les convertisseurs ne fonctionnent pas dans les cours d’eau ou les lacs. Cependant, j’ai un vieux réservoir à haute pression, à la maison, qui pourrait te permettre de traverser.

— Qu’est-ce que tu racontes ? demanda Doob en passant une main nerveuse dans ses cheveux bruns laineux. Tu crois qu’on peut emmener ce camion où on veut et passer inaperçu ? Ils nous roussiraient les fesses avant même que nous soyons en vue des Hautes Marches.

— Ce n’est pas de ce côté qu’il faut passer. J’ai une carte et j’ai mon idée là-dessus. Si je te conduis, avec ce camion et Stella, jusqu’aux Zavatariens que je connais sur la côte nord, accepteras-tu ?

Doob releva la tête juste à temps pour voir une patrouille de la sécurité quitter le périmètre et se diriger vers eux en peinant à travers les rochers. Ils se trouvaient encore à deux cents mètres du camion et ils n’avaient pas l’air d’aimer ça.

— Merde ! fit Doob.

Il replaça le panneau en vitesse et mit le moteur en marche. Puis il commença à manœuvrer en pivotant sur la chenille gauche pour faire demi-tour.

— Non ! lui cria Gray. Nous sommes venus chercher un démarreur pour ta Cushette et nous ne repartirons pas sans lui. Fais-leur un grand signe de main.

Gray agita la main en direction de la patrouille et Doob fit comme lui. L’officier à la tête du détachement leur rendit leur salut et retourna avec ses hommes en direction de la route, où il était plus facile d’avancer.

— Tu vois ? jubila Gray. C’est comme ça partout. Apprends à reconnaître ce qui est le plus facile pour eux et tu t’en sors à tous les coups. On reparlera de ce projet sur le chemin du retour. Mais j’ai déjà tout prévu, ne t’en fais pas.

Il sourit à Doob de toutes ses dents et Doob se prit à lui retourner son sourire.

Des champs cultivés avec des fleurs partout, se disait-il. C’est sûr que Stella aimerait ça.

Le Facteur ascension
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